Panorama du marché pharmaceutique au Sénégal : état des lieux
Le secteur pharmaceutique au Sénégal est en pleine mutation. Entre importations, initiatives locales de production, enjeux de régulation et défis d’accessibilité, le marché pharmaceutique sénégalais reflète les tensions et les espoirs d’un système de santé en développement. Voici un panorama clair de la situation actuelle. 1. Une forte dépendance aux importations Le Sénégal importe près […]

Le secteur pharmaceutique au Sénégal est en pleine mutation. Entre importations, initiatives locales de production, enjeux de régulation et défis d’accessibilité, le marché pharmaceutique sénégalais reflète les tensions et les espoirs d’un système de santé en développement. Voici un panorama clair de la situation actuelle.
1. Une forte dépendance aux importations
Le Sénégal importe près de 80 % de ses médicaments, principalement depuis l’Europe, l’Inde et la Chine. Cette dépendance expose le pays aux aléas des chaînes logistiques mondiales et rend l’accès aux médicaments parfois incertain ou coûteux pour les populations.
2. Une production locale encore limitée
Le tissu industriel pharmaceutique sénégalais reste embryonnaire, avec une poignée de laboratoires capables de produire des médicaments génériques ou des spécialités simples (antibiotiques, sirops, antiseptiques). Le Plan Sénégal Émergent (PSE) encourage pourtant le développement d’une industrie pharmaceutique locale, notamment via des partenariats public-privé.
3. Le rôle central de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA)
La PNA assure la distribution des médicaments essentiels dans les structures de santé publiques. Elle joue un rôle crucial dans la gestion des stocks, la rationalisation des commandes et la régulation des prix. Toutefois, elle fait face à des défis logistiques et de gouvernance, qui peuvent impacter la disponibilité des produits dans certaines régions.
4. Une régulation encadrée mais confrontée aux défis du secteur informel
Le marché pharmaceutique sénégalais est officiellement régulé par le ministère de la Santé et de l’Action sociale, via la Direction de la Pharmacie et du Médicament (DPM). Mais dans la pratique, les médicaments contrefaits ou vendus sans autorisation légale (marché parallèle) restent un fléau, notamment dans les zones rurales ou périurbaines.
5. Accessibilité et prix : un enjeu de santé publique
Le coût des médicaments constitue encore un frein à l’accès aux soins pour une partie importante de la population. Bien que des programmes comme la Couverture Maladie Universelle (CMU) tentent de corriger cela, beaucoup de patients continuent à s’auto-médiquer ou à recourir à des alternatives non contrôlées, faute de moyens.
6. Nouvelles dynamiques : digitalisation et innovations logistiques
Des startups et entreprises locales comme JokkoSanté ou Keewu utilisent les technologies numériques pour améliorer la traçabilité des médicaments, la redistribution des stocks ou l’accès à l’information pour les patients. Ces innovations ouvrent des perspectives pour une meilleure couverture pharmaceutique au niveau national.
Le marché pharmaceutique sénégalais est à la croisée des chemins. S’il reste largement dépendant de l’extérieur, les initiatives locales, la volonté politique et l’implication du secteur privé permettent d’envisager une amélioration progressive de la souveraineté sanitaire. L’enjeu reste majeur : garantir à tous les citoyens un accès sûr, équitable et durable aux médicaments.